Concilier sylviculture et cours d’eau
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Dégradation de la végétation des rives
Après la seconde guerre mondiale, suite à la déprise agricole et sous l’impulsion des aides au reboisement du Fonds Forestier National, de nombreuses parcelles ont été boisées en résineux, notamment avec des essences à croissance rapide, comme l’Épicéa et le Douglas,… sur notre territoire.
En effet, en Livradois-Forez, d’après différents écrits, la surface boisée était d’environ 16% entre 1800 et 1900. Elle était majoritairement composée de sapins pectinés, hêtres en altitude et quelques bosquets diversifiés sur le reste du territoire. Aujourd’hui, les espaces boisés représente 55% de notre territoire dont environ 1/3 sont des plantations de résineux artificielles.
Très souvent réalisés dans les secteurs difficilement exploitables comme les zones humides et parcelles en bordures de cours d’eau ces boisements se sont faits au détriment de la végétation spontanée naturelle (Prairie humide, aulnaie, saulaie, …).
De plus, ces plantations étaient souvent précédées de travaux de drainage dont l’impact est non négligeable sur le milieu. En effet, drainage, implantation d’essences à croissance rapide (consommation en eau importante), … conduisent à une perturbation hydrologique majeure :
- Diminution de la capacité de rétention en eau des sols (phénomène qui accentue les inondations).
- Diminution de la ressource en période estivale (phénomène qui accentue les assecs des cours d’eau.
Au-delà d’un impact quantitatif sur la ressource, les parcelles de forêt cultivée à proximité des cours d’eau se font au détriment de la végétation naturelle des rives. En effet, souvent réduites à un simple rideau d’arbre ou coupées, elles sont rapidement étouffées et remplacées par les essences plantées.
Néanmoins, les résineux plantés sur des sols à hydromorphie permanente ou temporaire (gorgés d’eau) ont un enracinement superficiel qui occasionne de nombreux dysfonctionnements pour les milieux aquatiques mais aussi pour les propriétaires des berges. Cela entraine aussi un manque de stabilisation des sols et donc des berges qui a pour conséquence l’apparition de zone d’érosion et une morphologique du cours d’eau.
Pour le propriétaire
- Milieu souvent défavorable à une production forestière de qualité (perte financière/ risque sanitaire sur les peuplements)
- Risque important de chablis (risque sanitaire sur les peuplements)
- Maintien des berges non effectué par les racines des résineux, apparition de zone d’érosion Effondrement des berges et divagation du cours d’eau dans les parcelles (perte foncière)
- Difficulté d’exploitation (perte financière)
- …
Pour le milieu
- Érosion des berges
- Incision et élargissement des cours d’eau
- Perte des habitats favorables pour la faune piscicole :
- Recouvrement et engorgement du lit par les sables et limons
- Diversité granulométrique affaiblie
- Disparition des cavités et sous berges
- Gestion en majorité par coupe à blancs
- Obscurité totale (appauvrissement des chaines alimentaires : (densité d’invertébrés, insectes présents sur les berges susceptibles de tomber au cours d’eau, diminution de la croissance, …))
- Ensoleillement total après coupe (réchauffement de l’eau)
- Pollution organique : matières organiques et minérales libérées suite aux coupes rases, à un dessouchage, …arrivant en masse dans un cours d’eau. Elles asphyxient le milieu (forte consommation d’oxygène dissout). De plus, ces matières en suspension peuvent rendre impropre l’eau prélevée pour la consommation humaine.
Sur le bassin versant de la Dore
Le bassin versant de la Dore est largement touché par cette problématique qui est peut-être la principale cause de dégradation des cours d’eau du territoire.
C’est dans ce cadre-là que nous travaillons en concertation avec les propriétaires de ces plantations en bordure de cours d’eau pour arriver à concilier le développement des activités sylvicoles et la préservation des milieux aquatiques.
A travers la mise en œuvre du Contrat Territorial Dore (aides financières et techniques sur les coupes en bordure de cours d’eau) et grâce à la volonté des propriétaires, de nombreux travaux ont déjà été réalisés dans le cadre des contrats territoriaux précédents. Néanmoins, il reste encore un fort impact de ces plantations. De plus, sur les petits affluents du territoire, on recense un manque de connaissance sur l’impact réel de ces plantations sur les masses d’eau.
Les travaux sont réalisés sur une bande de 6 m de part et d’autre du cours d’eau par l’équipe régie du syndicat mixte du Parc avec l’aide de prestataires.
Les travaux de recul de plantation de résineux par rapport au cours d’eau se mènent en concertation avec les propriétaires du territoire avec des aides de nos partenaires financiers. Ils consistent à exploiter les arbres d’essences résineuses (Epicéas, douglas, Grandice en majorité) sur une bande de 6 mètres minimum en bordure des cours d’eau. L’objectif est de reconstituer un cordon végétal rivulaire naturel en replantant des espèces adaptées (Aulne, Saule, Erable, …). Dans tous les cas et avant chaque intervention, une convention sera signée entre le maître d’ouvrage de cette action et le propriétaire.
Cette modification a profondément bouleversé l’occupation du sol de notre territoire. En effet, au-delà d’une perte de diversité notable sur la faune et la flore de ce milieu s’ajoute une perturbation hydrologique majeure. Drainage, implantation d’essences à croissance rapide (consommation en eau importante), … conduisent à une imperméabilisation des sols et à un abaissement général de la ressource eau.